Maîtres

Le vénérable Dr Trogawa Rinpotché (1931-2005) trogawa

Le vénérable Dr Trogawa Rinpotché est né en 1931, d’une famille noble de Thro Thraloung, près de Gyangtsé, dans la province de Tsang, dans le centre-ouest du Tibet. Son père fut un officier important dans le Gouvernement du Tibet. Alors qu’il était à peine en âge de marcher et de parler, il conduisit ses parents à “son monastère” – non pas à l’un de ces temples remarquables de Gyangtsé mais à un petit ermitage derrière une colline. Ici, sans qu’on le lui demanda, il reconnut les possessions qu’il avait eues durant sa vie antérieure de maître bouddhiste et de médecin.

Il fut d’abord éduqué à la maison mais plus tard, à l’âge de seize ans, il fut envoyé à Lhassa pour y apprendre la médecine sous la tutelle du grand docteur Nyérongsha Rigdzine Lhoundroup Paljor. Ce dernier était lui-même successeur du lignage de l’école monastique de médecine de Tchagpori et était un médecin d’une grande renommée. À cette époque il avait sa propre clinique, ses propres installations de fabrication de médecine et un programme d’apprentissage. Le vénérable Trogawa Rinpoche étudia auprès de lui pendant 9 ans et devint accompli dans tous les domaines de la médecine. Il devint l’un des principaux successeurs de son maître. En tant qu’un “lama réincarné”, ou “toulkou”, il étudia et pratiqua aussi pendant ce temps, en profondeur la voie du bouddhisme, y compris les pratiques les plus ésotériques. C’est ainsi qu’il devint célèbre, tant comme maître spirituel que comme médecin.

Il pratiqua la médecine dans la région de Drigoung durant un certain temps, mais en 1957, il déménagea au Sikkim (qui à cette époque fut sous protectorat de l’Inde) en compagnie du grand maître bouddhiste Dzongsar Khyentsé Tcheukyi Lodreu. Après le décès de son maître, en 1961, il déménagea à Darjeeling, dans les montagnes au pied de la partie orientale de l’Himalaya, où il vécut et pratiqua. Après la chute du Tibet, il fut l’un des derniers maîtres libres à enseigner et à pratiquer la médecine tibétaine. En 1963, il fut nommé maître-docteur en chef de l’École de Médecine et d’Astrologie Tibétaine de Dharamsala, en Inde; institut qui est d’ailleurs sous la direction de Sa Sainteté le XIVe dalaï‑lama. Après un certain nombre d’années à ce poste, il dût le quitter pour raisons de santé personnelles puis, alla passer un certain nombre d’années en retraite dans les forêts du Bhoutan, sortant périodiquement pour traiter des patients. Dans les années 1970, il retourna vivre et pratiquer à Darjeeling. Depuis 1983 il enseigna aussi lors de conférences données à maintes reprises en Occident. En 1994, il fonda l’Institut Tchagpori de Médecine tibétaine. Il dirige toujours cette école et en est d’ailleurs le médecin consultant pour toutes ses cliniques. Le vénérable Dr Trogawa Rinpotché est considéré aujourd’hui comme étant l’un des maîtres prééminents de la médecine tibétaine. Il est le maître principal de Shakya Dorje et c’est lui qui lui reconnut ses qualifications à titre d’Emchi (docteur en médecine tibétaine).
Le grand guérisseur, le vénérable Dr Trogawa Rinpotché, quitta ce monde le 11 mai 2005. Il ne fut pas malade, outre une blessure à une hanche. Il passa les derniers mois de sa vie en retraite spirituelle, d’abord dans un temple à Siligouri, dans l’état indien du West Bengal (ou du, Bengale Occidental) puis, au monastère de Tchoten Gonpa à Gangtok, au Sikkim. Il passa les derniers jours de sa vie entouré de quelques proches disciples et d’autres lamas. Comme cela est souvent le cas avec les maîtres bouddhistes, sa dépouille ne se détériora pas après son décès. Il est grandement regretté par ses nombreux étudiants et disciples spirituels, ainsi que par ses nombreux patients. Tous ceux qui le connurent se souviennent de lui, de sa bonté et de sa compassion, de sa sagesse infinie, et de sa profonde compréhension de la guérison. L’héritage qu’il légua continue de vivre à Tchagpori, dans le travail de ses étudiants, dans les guérisons qu’il fit et, dans la vie spirituelle de chacun qu’il toucha. Il existe un site blogue en mémoire du vénérable Dr Trogawa Rinpotché au: http://trogawa.blogspot.com/.

Nyérongsha Kounga Gyourmé (1930-2002)

nyerongsha_kunga_gyurme

Nyérongsha Kounga Gyourmé, le plus jeune fils de Nyérongsha Rigdzine Lhoundroup Paljor, naquit à Lhassa. Éduqué en médecine, il fit preuve de talent exceptionnel dès un très jeune âge, et fut reconnu médecin qualifié durant son adolescence. Outre ses responsabilités à la clinique de Lhassa, il dirigea aussi la production des médicaments pour son père. Il fut d’une perspicacité sans égal en diagnostic, et comprenait les aspects les plus profonds de la pharmacopée, du diagnostic et du traitement. Au début des années 1980, il fuit le régime communiste chinois et rejoignit l’institut de Sa Sainteté le dalaï‑lama à Dharamsala.
Pendant quelques années, il dirigea la grande clinique de Nouvelle Delhi. À la fin de sa vie il fut nommé médecin junior de Sa Sainteté le dalaï‑lama. Shakya Dorje étudia auprès de ce maître qui lui enseigna certains des aspects les plus profonds sur la manière de diagnostiquer, de soigner et de mixer et lui fit aussi part de plusieurs instructions clefs, alors qu’il travaillait à la clinique de Nouvelle Delhi.

Lamène Tèndzine Tchodak (1922-2001)
lamen_tenzin_chodak

Né à Bodong, au Tibet occidental, il fut envoyé pour étudier au Mentseekhang à Lhassa, par son monastère local. Il y excella, tant en pharmacopée qu’en traitement, si bien qu’on le garda et, il devint membre du personnel du Mentseekhang après la graduation. Il fut envoyé fréquemment dans diverses parties du pays pour y traiter des épidémies et, c’est lui qui fut aussi responsable de la fabrication des médicaments durant quelques années. Il fit aussi partie du groupe de quelques médecins qui veillent à la santé de Sa Sainteté le dalaï‑lama, de sa cour et de sa famille. En 1959, il signa une pétition protestant contre les abus commis par l’armée chinoise alors à Lhassa, ce qui eut pour résultat de le faire condamner par les autorités chinoises à vingt ans de travaux forcés en prison.
Vers la fin de sa peine, il y eut un regain d’intérêt pour la médecine tibétaine sous le régime chinois, alors il fut emmené pour rétablir la fabrication des célèbres et à la fois ésotériques « pilules-gemmes » avec le maître Trorou Tsénam. Relâché en 1979, il fut « rapatrié » par le Gouvernement du Tibet en exil afin de servir comme médecin particulier de Sa Sainteté le dalaï‑lama, à Dharamsala, en Inde. Il prit soin de Sa Sainteté jusqu’à la fin de sa vie ainsi que de grands nombres de patients tant en Orient qu’en Occident et, participa à plusieurs conférences en Europe aussi bien qu’en Amérique du Nord. Il fonda la production de la « pilule-gemme » au Mentseekhang, à Dharamsala, et la supervisa et, mena aussi d’importantes recherches qui conduisirent à de nouveaux remèdes basées sur des principes classiques. Il est d’ailleurs mis en lumière dans le long métrage documentaire sur la médecine tibétaine intitulée « The knowledge of healing ».
Shakya Dorje étudia auprès de Lamène Tèndzine Tchodak, principalement lors de ses séjours en France. Lamène Tèndzine Tchodak fut très bon pour lui, lui enseignant beaucoup de choses à propos des particularités de certaines maladies et de leurs traitements.
N.B. J’ai rédigé ces notes à propos de mes maîtres à partir de mes souvenirs de ce qu’eux-mêmes m’ont appris, afin de les honorer et de donner un aperçu de leurs réalisations. Si, vous, qui lisez cette page, y trouviez une erreur, une omission ou déteniez de l’information supplémentaire qui vaille la peine d’être incluse, s’il vous plaît, n’hésitez pas à m’envoyer un courriel (mail). S.D.

Back to Top